Qui est la Dame oubliée de Vérines ?

La Dame oubliée de Vérines est le seul vestige de l’ancienne église, aujourd’hui disparue. Ce souvenir des temps oubliés est une statue qui trône dans une niche sur la façade extérieure, côté sud, de l’actuelle église (bénie en 1731) du village, situé à une quinzaine de kilomètres de La Rochelle.

Le fait remarquable de cette sculpture (soixante centimètres de hauteur environ) est qu’elle ne ressemble en rien aux modèles traditionnels des figures du modèle chrétien représentant la Vierge Marie. Le style agraire de l’œuvre semble davantage se rapprocher des représentations de déesses archaïques avec le drapé antique associant une ceinture, la couronne ornée de tours sur sa tête, la gerbe de céréales tenue par un bras (symbole de la prospérité et de l’abondance), un enfant dans l’autre annonçant l’espérance, un avenir heureux pour les générations à venir.

Cette œuvre est très originale. Elle m’a toujours touché, intrigué. Je me suis souvent demandé ce qu’elle faisait là.C’est une présence incongrue. Tout le monde passe devant elle, peu de personnes la voient. Pourtant, il suffit de lever les yeux pour la contempler.

Les Origines de la Dame et du village

Les origines précises du village sont peu connues. Au milieu du 20ème siècle, le Général Dorbeau, enfant du pays, a reconstitué, avec les moyens dont il pouvait disposer à l’époque, l’histoire de la commune incluant les villages de Fontpatour, Loiré et Vérines. Il en a fait un livret, que j’avais consulté il y a cinquante ans, grâce au prêt que m’en avait fait Mr Paul Braud, le maire de l’époque. Ce document disponible à la bibliothèque de Vérines, m’a servi de fil d’Ariane pour réécrire l’histoire de la commune, sous formes de chroniques historiques, durant les périodes majeures traversées par le pays, les impacts sur la région rochelaise et en conséquence, les faits divers vécus dans les trois localités.

Quant à la Dame, nous savons que l’église primitive ne repose pas sous l’actuelle, comme c’est souvent le cas, pour les édifices sacrés. Selon mes recherches et d’autres personnes qui se sont intéressées à ce sujet, l’ancien site religieux était bien à l’écart de l’actuel village, plutôt dans l’orientation au sud-ouest du village de Vérines.

À ma connaissance, personne ne sait comment, quand, pourquoi et par qui ce vestige énigmatique, discrètement dissimulé dans son alcôve, est réapparu à son endroit actuel. Ces questions non résolues ajoutent du mystère au mystère.

La Dame de Vérines et les trois villages

Les trois villages disposés en ligne, suivant une orientation ouest-est, paraissent à la fois disparates, de par leurs emplacements géographiques, tout en ayant chacun son identité. La zone est contenue entre les anciennes zones humides à l’ouest (vers Longèves), à l’est et au nord avec le bassin du Curé. Sur les cartes anciennes (16ème siècle) , les rives de l’actuelle Sèvre Niortaise sont à quelques kilomètres seulement des villages. C’est au centre de cet ensemble que le village de Vérines, à une trentaine de mètre d’altitude !, offre une zone de protection stratégique. Gardons présent à l’esprit, que dans l’histoire, les temps de paix sont plus rares que ceux de conflits extérieurs ou d’insécurités intérieures.

Quoi que variées, les activités des trois villages se complètent en formant un tout dans un monde qui a été jusqu’à peu, essentiellement rural. L’urbanisation due à l’expansion démographique autour de la Rochelle date de cinquante ans, essentiellement grâce à la route nationale à quatre voies reliant La Rochelle à Paris, via Niort.  Autrefois, le territoire et les activités agricoles avaient un rôle majeur de subsistance et de développement : le village de Fontpatour et ses zones humides pour l’élevage, celui de Loiré avec ses terres céréalières fertiles au bord de l’axe routier, Vérines pour les qualités de son sol propices à la viticulture (qui n’a pas échappé aux ravages du phylloxéra à la fin du 19ème siècle). L’église se devait d’être érigée au point le plus élevé de cet ensemble, donc dans le village central. La Dame en tout ça, a pour vocation de protéger ses ouailles et toutes les âmes vivantes, ou non, car le cimetière a longtemps été situé à ses pieds autour de l’église, comme souvent dans d’autres bourgs.     

Que raconte votre livre ?

Il s’agit d’une série de chroniques inspirées de faits et de personnages historiques relatant l’histoire de la commune de Vérines à travers ses trois villages, depuis les  invasions barbares jusqu’aux années soixante et soixante-dix que j’ai connues car je suis natif de Vérines, fils d’agriculteurs. J’y ai vécu mon enfance et ma jeunesse.

La cité de La Rochelle a toujours focalisé des événements majeurs qui ont tous, eu des répercussions sur les localités environnantes. Pour idée, Louis-Etienne d’Arcère, l’historien du 18ème siècle évoquait la banlieue (je reprends son terme) de La Rochelle qui correspond à l’actuelle « communauté des communes ». Comme quoi, l’histoire est cyclique, la géographie stable, et leurs études permettent d’y trouver des constantes.

C’est un livre historique ?

Un livre d’histoires vivantes. J’ai appris des détails pittoresques, par exemple : les noms des communes qui ont été changés durant la révolution française. Mon intention a été de remettre les chroniques dans leurs contextes, histoire nationale et du pays rochelais, mais aussi de l’environnement qui a beaucoup changé à travers les siècles. Le nord de l’Aunis fut une zone humide de marais, très boisée (la forêt de Benon était beaucoup plus étendue qu’actuellement) jusqu’à ce qu’elle est devenue maintenant, principalement une terre céréalière. J’ai également voulu restituer les mentalités de chacune de ces périodes historiques, d’un certain mysticisme au temps des « cathédrales » pendant le moyen-âge, jusqu’aux époques plus modernes avec les révolutions technologiques de la fin du 19ème siècle, et agricoles à partir de la première partie du 20ème. J’ai tenté de restituer au mieux comment vivait le peuple dans ses diverses catégories sociales.

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?

D’abord l’intérêt pour l’histoire en général. Puis, quand j’étais jeune, le maire l’époque Mr Paul Braud, m’avait prêté un exemplaire de l’histoire locale assez précisément écrite par le général Dorbeau dans la première moitié du 20ème siècle. C’est après le décès de mes parents que j’ai repris ce manuscrit pour m’en inspirer et écrire des histoires fictives basées sur des faits et personnages historiques pour rendre vivante notre histoire locale, restituer une identité à la commune et ses habitants… J’ai inséré des faits divers réels qui, au-delà des aspects anecdotiques, nous montre des réalités oubliées de notre mémoire commune.

La Dame oubliée de Vérines vous inspire-t-elle ?

Elle me fait penser aux vierges agraires des époques anciennes. A mon avis, la Dame a quelque chose qui n’est pas très chrétien, en tout cas, dans la forme… Protectrice par sa couronne, garante de l’abondance et de la prospérité. Je m’intéresse beaucoup à l’univers des mythes et des légendes, cette statue de la Dame de Vérines m’est une source d’inspiration importante. Dans ma jeunesse, je l’a voyais sans trop la voir. A un âge plus mûr, elle me murmurait des petits secrets.

La Dame transmet une mémoire. Oubliée ! J’ai juste l’idée de révéler, d’imaginer ses souvenirs relatifs à tout ce qu’elle a pu voir et entendre. Elle incarne l’adage de savoir d’où l’on vient pour avancer et construire un avenir pérenne. Surtout pour les générations à venir.  

Quelles sont les périodes historiques locales qui vous ont le plus intéressées ?

Je dirai toutes. J’évoquerais les principales.

Les villages et leurs habitants ont vécu l’arrivée et l’implantation des Templiers.  Il y a un lieu-dit « La Commanderie » entre les villages de Vérines et d’Angliers. Les répercussions sur l’activité économique vivrière en Aunis étaient liée à l’expansion du port de La Rochelle. Pour  répondre aux exigences capitales de l’intendance alimentaire.

L’arrivée des réformés sur la Rochelle (l’une des sept premières villes protestantes dans le royaume) a eu des répercussions sur les localités environnantes, comme en témoigne la maison des réformés et l’ancien cimetière protestant et à Fontpatour qui, ironie du sort était situé proche d’une statue de vierge catholique.

La Révolution Française et la suite des événements douloureux lors de la Guerre de Vendée a eu des conséquences sur les habitants dont beaucoup ont été réquisitionnés d’office pour aller au front contre les voisins d’outre Sèvre Niortaise.

Et les plus récentes ? Celles avec lesquelles nous pouvons faire des liens ?

En tout cas, celles dont les plus anciens d’entre nous peuvent mesurer l’évolution.

Le fléau du phylloxéra, déjà évoqué, et la mutation agricole qui a suivie. Ce désastre a provoqué un profond bouleversement, tant économique que social au 19ème siècle. La viticulture et les activités annexes recrutaient beaucoup de poitevins, générant des richesses importantes. Les développements économiques et sociaux essentiellement associé à la viticulture, ont été remplacées par la polyculture qui était encore vivace à l’époque de ma jeunesse avant que la monoculture céréalière devienne dominante.

Lors de son pic démographique, la population de la commune dépassait les 1500 habitants en 1840, la population a commencé à sérieusement diminuer avec le phylloxéra, jusqu’à devenir inférieure à 800 aux années 1960… Les deux guerres mondiales et l’exode rural ont participé à cette baisse constante de la population de la commune, jusqu’au repeuplement effectif et progressif à partir des années soixante-dix.

Je raconte la création d’une beurrerie à Vérines (bien avant la laiterie de Fontpatour) après des tentatives inabouties entre autres, d’usines betteravières dans les communes limitrophes. Des balbutiements de l’industrie alimentaire qui de cycles en cycles, évolue vers l’actualité de la crise agricole.

Il y a toujours des hommes et le facteur humain derrière l’histoire. Les villages avaient leurs fêtes liées aux rythmes et aux rituels agricoles, ses fêtes annuelles, ses bals, et toutes sortes de rassemblements de la population dans l’esprit du vivre ensemble, au-delà « des querelles de clocher ».

Pouvez-vous évoquer quelques personnages historiques ?

Même si leurs noms sont tombés dans l’oubli, certains ont bénéficié d’une notoriété publique à leurs époques respectives.

Le frère Pierre Bors fut un Templier qui a contribué à l’installation de son Ordre pour faire de Rupella, le nom de La Rochelle en ce temps-là, une cité navale stratégique bénéficiant des ressources fournies par les villages alentours. A cet égard, « l’altitude » de Vérines, tout comme Montroy et Ste-Soulle était précieuse.

Ainsi que Louis de Labadie, seigneur de la Chausselière, capitaine officiant à la direction de l’Artillerie de La Rochelle. Il faisait partie de la petite noblesse locale qui a eu le malheur de vivre au moment de la révolution française. J’évoque son destin qui fait le lien direct entre les histoires nationale et locale.

Comment se procurer votre livre ?

« La Dame oubliée » de Dominique Bouju aux éditions Nombre7   : https://librairie.nombre7.fr/roman/6457-la-dame-oubliee-9782385916985.html

Le livre peut être commandé dans toutes les librairies ou sur tous les sites en ligne. Il est édité sous un pseudonyme concordant au nom de jeune fille de ma mère, dont la famille est présente sur Vérines depuis plusieurs siècles.

Le livre est également disponible en contact direct ou en consultant cette page sur mon site : https://www.hesperides-editions.fr/produit/la-dame-de-verines/

Je l’avais auto-édité en deux livrets il y a plus de dix ans. J’ai envie maintenant qu’il soit accessible et complété en un seul livre.